Petit tabouret permettant de s’asseoir accroupi
Bois Buchet, Bamboo For Paris, 2017
Notre habitude occidentale à nous asseoir à 90° entraîne une atrophie du tendon d'Achille qui rend progressivement impossible l'accroupissement. Dun invite à réinvestir cette position pourtant excellente pour le dos qui permet de reposer le corps tout en restant alerte. Inée chez l'enfant et préservée dans la majeure partie de l'Asie, il s'agit probablement de la station du repos héritée de nos plus vieux ancêtres.
Lamelle de bambou cintrées à chaud
En recherche d'éditeur
Prototype et photos — Robin(son) Haas
"L'enfant s'accroupit normalement. Nous ne savons plus nous accroupir. Je considère que c'est une absurdité et une infériorité de nos races, civilisations, sociétés. Un exemple. J'ai vécu au front avec les Australiens (blancs). Ils avaient sur moi une supériorité considérable. Quand nous faisions halte dans les boues ou dans l'eau, ils pouvaient s'asseoir sur leurs talons, se reposer, et la « flotte », comme on disait, restait au-dessous de leurs talons. J'étais obligé de rester debout dans mes bottes, tout le pied dans l'eau. La position accroupie est, à mon avis, une position intéressante que l'on peut conserver à un enfant. La plus grosse erreur est de la lui enlever. Toute l'humanité, excepté nos sociétés, l'a conservée. Il semble d'ailleurs que, dans la suite des âges de la race humaine, cette posture ait également changé d'importance. Vous vous rappelez qu'autrefois on considérait comme un signe de dégénérescence l'arcature des membres inférieurs. On a donné de ce trait de race une explication physiologique. Celui que Virchow encore considérait comme un malheureux dégénéré et qui n'est rien moins que l'homme dit de Néanderthal avait les jambes arquées. C'est qu'il vivait normalement accroupi. Il y a donc des choses que nous croyons de l'ordre de l'hérédité qui sont en réalité d'ordre physiologique, d'ordre psychologique et d'ordre social. Une certaine forme des tendons et même des os n'est que la suite d'une certaine forme de se porter et de se poser. C'est assez clair. Par ce procédé, il est possible non seulement de classer les techniques, mais de classer leurs variations par âge et par sexe."
Marcel Mauss, Techniques du corps, chap. 2. Variation des techniques du corps avec les âges, 1934